samedi 24 mars 2018

Les oiseaux disparaissent des campagnes françaises à une « vitesse vertigineuse »


Ce déclin « catastrophique », d’un tiers en quinze ans, est largement dû aux pratiques agricoles, selon les études du CNRS et du Muséum d’histoire naturelle
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Le printemps risque fort d’être silencieux. Le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) annoncent, mardi 20 mars, les résultats principaux de deux réseaux de suivi des oiseaux sur le territoire français et évoquent un phénomène de « disparition massive », « proche de la catastrophe écologique ». « Les oiseaux des campagnes françaises disparaissent à une vitesse vertigineuse, précisent les deux institutions dans un communiqué commun. En moyenne, leurs populations se sont réduites d’un tiers en quinze ans. »

Attribué par les chercheurs à l’intensification des pratiques agricoles de ces vingt-cinq dernières années, le déclin observé est plus particulièrement marqué depuis 2008-2009, « une période qui correspond, entre autres, à la fin des jachères imposées par la politique agricole commune [européenne], à la flambée des cours du blé, à la reprise du suramendement au nitrate permettant d’avoir du blé surprotéiné et à la généralisation des néonicotinoïdes », ces fameux insecticides neurotoxiques, très persistants, notamment impliqués dans le déclin des abeilles, et la raréfaction des insectes en général.
Plus inquiétant, les chercheurs observent que le rythme de disparition des oiseaux s’est encore intensifié ces deux dernières années.

Résultats de deux réseaux de surveillance
Le constat est d’autant plus solide qu’il est issu de deux réseaux de surveillance distincts, indépendants et relevant de deux méthodologies différentes. Le premier, le programme STOC (Suivi temporel des oiseaux communs) est un réseau de sciences participatives porté par le Muséum national d’histoire naturelle. Il rassemble les observations d’ornithologues professionnels et amateurs sur l’ensemble du territoire et dans différents habitats (ville, forêt, campagne). Le second s’articule autour de 160 points de mesure de 10 hectares, suivis sans interruption depuis 1994 dans la « zone-atelier « du CNRS Plaine et val de Sèvre, où des scientifiques procèdent à des comptages réguliers.

« Les résultats de ces deux réseaux coïncident largement et notent une chute marquée des espèces spécialistes des plaines agricoles, comme l’alouette », constate l’écologue Vincent Bretagnolle, chercheur au Centre d’études biologiques de Chizé, dans les Deux-Sèvres (CNRS et université de La Rochelle). Ce qui est très inquiétant est que, sur notre zone d’étude, des espèces non spécialistes des écosystèmes agricoles, comme le pinson, la tourterelle, le merle ou le pigeon ramier, déclinent également. »

Sur la zone-atelier du CNRS – 450 km2 de plaine agricole étudiés par des agronomes et des écologues depuis plus de vingt ans –, la perdrix est désormais virtuellement éteinte. « On note de 80 % à 90 % de déclin depuis le milieu des années 1990, mais les derniers spécimens que l’on rencontre sont issus des lâchers d’automne, organisés par les chasseurs, et ils ne sont que quelques rescapés », précise M. Bretagnolle.

Déclin massif des insectes
Pour le chercheur français, « on constate une accélération du déclin à la fin des années 2000, que l’on peut associer, mais seulement de manière corrélative et empirique, à l’augmentation du recours à certains néonicotinoïdes, en particulier sur le blé, qui correspond à un effondrement accru de populations d’insectes déjà déclinantes ».

A l’automne 2017, des chercheurs allemands et britanniques conduits par Caspar Hallmann (université Radboud, Pays-Bas) ont, pour la première fois, mis un chiffre sur le déclin massif des invertébrés depuis le début des années 1990 : selon leurs travaux, publiés en octobre dans la revue PloS One, le nombre d’insectes volants a décliné de 75 % à 80 % sur le territoire allemand.
Des mesures encore non publiées, réalisées en France dans la zone-atelier Plaine et val de Sèvre, sont cohérentes avec ces chiffres. Elles indiquent que le carabe, le coléoptère le plus commun de ce type d’écosystème, a perdu près de 85 % de ses populations au cours des vingt-trois dernières années, sur la zone étudiée par les chercheurs du CNRS.

« Or de nombreuses espèces d’oiseaux granivores passent par un stade insectivore au début de leur vie, explique Christian Pacteau, référent pour la biodiversité à la Ligue de protection des oiseaux (LPO). La disparition des invertébrés provoque donc naturellement un problème alimentaire profond pour de nombreuses espèces d’oiseaux et ce problème demeure invisible : on va accumuler de petites pertes, nid par nid, qui font que les populations ne sont pas remplacées. »

Dégradations profondes de l’environnement
La disparition en cours des oiseaux des champs n’est que la part observable de dégradations plus profondes de l’environnement. « Il y a moins d’insectes, mais il y a aussi moins de plantes sauvages et donc moins de graines, qui sont une ressource nutritive majeure pour de nombreuses espèces, relève Frédéric Jiguet, professeur de biologie de la conservation au Muséum et coordinateur du réseau d’observation STOC. Que les oiseaux se portent mal indique que c’est l’ensemble de la chaîne trophique [chaîne alimentaire] qui se porte mal. Et cela inclut la microfaune des sols, c’est-à-dire ce qui les rend vivants et permet les activités agricoles. »

La situation française n’est pas différente de celle rencontrée ailleurs en Europe. « On est dans la continuité d’une tendance lourde qui touche l’ensemble des pays de l’Union européenne », note M. Jiguet. Est-elle réversible ? « Trois pays, les Pays-Bas, la Suède et le Royaume-Uni, ont mis en œuvre des politiques nationales volontaristes pour inverser cette tendance lourde, en aménageant à la marge le modèle agricole dominant, explique Vincent Bretagnolle. Aucun de ces trois pays n’est parvenu à inverser la tendance : pour obtenir un effet tangible, il faut changer les pratiques sur des surfaces considérables. Sinon, les effets sont imperceptibles. Ce n’est pas un problème d’agriculteurs, mais de modèle agricole : si on veut enrayer le déclin de la biodiversité dans les campagnes, il faut en changer, avec les agriculteurs. »

Article parut dans Le Monde, le 20.03.2018, par Stéphane Foucart


lundi 5 mars 2018

Nous allons nous régaler :

La plus grande collection de chants et sons d'animaux débarque sur Internet Les sons et chants de 9.000 animaux sont numérisés sur le site de la bibliothèque Macaulay Le laboratoire d’ornithologie de l'université américaine de Cornell, dans l'État de New York, a numérisé sur son site Internet pas moins de 150.000 enregistrements appartenant à quelque 9.000 espèces animales. Savez-vous à quoi ressemble le chant d'une bécassine de Wilson ou d'un canard Fuligule à tête rouge ? Non ? Eh bien désormais il est possible de le savoir en quelques clics ! L’université américaine de Cornell qui possède un formidable laboratoire d’ornithologie a décidé de partager les très nombreux enregistrements de chants de toutes sortes d’espèces animales dont elle dispose. Pour en faire profiter tout le monde, les chercheurs ont ainsi mis sur leur site internet quelque 150.000 enregistrements appartenant à pas moins de 9.000 espèces. Il aura fallu une douzaine d'années pour numériser l'équivalent de 7.513 heures de sons, soit plus de 10 terabytes de données ! D'ores et déjà disponibles sur le site de la bibliothèque Macauley du laboratoire d’ornithologie, ces chants comportent aussi bien celui de lémurs que d’un morse, d’oiseaux, de baleines, de pingouin ou de reinettes. Le plus vieil enregistrement numérisé date du 18 mai 1929 et offre durant 9 secondes les vocalises d'un Bruant chanteur écouté au Stewart Park d’Ithaca. "Notre collection audio est la plus grande et la plus vieille du monde. Maintenant, c'est aussi la plus accessible", a expliqué dans un communiqué Mike Webster, directeur de la bibliothèque. "Nous travaillons pour améliorer les fonctions de recherche et créer des outils que les personnes pourraient utiliser pour collecter les enregistrements et les télécharger directement dans les archives. Notre but est de rendre la bibliothèque Macaulay la plus utile possible pour le public", a t-il ajouté. Des sons et chants utiles à tous Aujourd'hui, chaque enregistrement est présenté en mentionnant le nom de l’animal, la date d’enregistrement, le lieu et l’auteur de la captation, de même que l’habitat de l’animal au moment de l’enregistrement. La référence du fichier, sa localisation sur une carte et le type de son sont également précisés. Ainsi, la banque pourrait rendre de grands services à des publics très différents, chercheurs, amateurs d'oiseaux, réalisateurs de films voire développeurs d'applications. "Maintenant que nous avons numérisé les enregistrements auparavant archivés, l'équipe des archives se concentre sur du matériel nouveau fourni par des enregistreurs amateurs ou professionnels à travers le monde pour véritablement construire une collection", a commenté de son côté Greg Budney, conservateur audio. "De plus, c'est juste un vrai plaisir d'écouter ces sons. Avez-vous déjà entendu le son d'un morse sous l'eau ? C'est un son incroyable". Pour découvrir la fameuse collection, rendez-vous sur le site : http://macaulaylibrary.org/   
Publié par Emmanuel Perrin, le 02 février 2013







Le laboratoire d’ornithologie de l'université américaine de Cornell, dans l'État de New York, a numérisé sur son site Internet pas moins de 150.000 enregistrements appartenant à quelque 9.000 espèces animales. Savez-vous à quoi ressemble le chant d'une bécassine de Wilson ou d'un canard Fuligule à tête rouge ? Non ? Eh bien désormais il est possible de le savoir en quelques clics ! L’université américaine de Cornell qui possède un formidable laboratoire d’ornithologie a décidé de partager les très nombreux enregistrements de chants de toutes sortes d’espèces animales dont elle dispose. Pour en faire profiter tout le monde, les chercheurs ont ainsi mis sur leur site internet quelque 150.000 enregistrements appartenant à pas moins de 9.000 espèces. 

En savoir plus : 
http://www.maxisciences.com/chant/la-plus-grande-collection-de-chants-et-sons-d-039-animaux-debarque-sur-internet_art28470.html
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dimanche 4 mars 2018

Chers amis

La nature qui nous entoure est d’une richesse exceptionnelle et l’homme ne s’en rend pas toujours compte ou alors il ne sait pas l’estimer à sa juste valeur. Nous aimerions donc vous parler d’oiseaux qui nous surprennent soit par leur beauté ou encore par leurs mœurs particulières.
Nous vous présenterons tous les mois une autre espèce d’oiseau et ce mois de mars 2018 nous commençons par l’oiseau jardinier à nuque rose.



A l’ombre d’un arbre, un petit oiseau au doux nom de 

"jardinier a nuque rose" (Chlamydera nuchalis) 

est en plein travail.



En Australie, comme chaque année en cette saison des amours (avril, mai), il doit tout faire pour s’attirer les faveurs de ces dames. Pour ce faire, il a élaboré une stratégie pour le moins ingénieuse.
Photo : M.Dahlem


Berceau nuptial du jardinier à nuque rose trouvé dans le parc national de Lakefield dans le nord du Queensland, en Australie, photo : J. Endler
Afin de se démarquer des autres mâles, il construit un magnifique berceau nuptial. L'édifice est une véritable œuvre d’art !
Composé de centaines de brindilles entrelacées, il forme un tunnel pouvant atteindre jusqu’à 60 centimètres de long. à l’entrée et à la sortie de ce dernier, le jardinier à nuque rose aménage un espace composé de petites pierres, d’os et de coquillages blancs.








Lorsqu’une femelle aperçoit le berceau nuptial, elle s’approche et se positionne à l’entrée du tunnel. Elle est alors au premier rang pour assister à la parade nuptiale. 

Lors de cette dernière, le mâle, situé à l’autre bout du tunnel, se pavane devant la femelle. Il hérisse les plumes à l’arrière de sa tête, révélant ainsi une magnifique crête rose. C’est à cette dernière qu’il doit d’ailleurs son nom.
Un jardinier à nuque rose mâle montre sa crête rose à une femelle, photo : Poppy







Disposition des cailloux, coquillage et os dans la cour gauche du berceau nuptial, (en bas) Schéma montrant la disposition en gradient, photo : J. A. Endler/L. A. Kelley.






Mais le jardinier à nuque rose a plus d’un tour dans son sac. Pour mettre toutes les chances de son côté, il a imaginé un artifice lui permettant d’avoir l’air… plus imposant.
Comment ? Tout simplement en créant une illusion d’optique ! les cailloux et coquillages, sur lesquels il parade, ont été disposés selon un ordre bien précis. Les plus petits près de l’entrée du tunnel, et les plus grands vers l’extérieur.
Cet astucieux placement augmente la profondeur de champ du décor, de la même façon que sur une scène de théâtre ou un tableau.
Résultat, la femelle à l’entrée du tunnel a l’impression que le mâle est plus gros, et donc plus attractif. Séduite, elle va alors le rejoindre pour s’accoupler. Comme quoi, il arrive que l’amour soit une illusion…




Dessin : B. Sharpe





Article tiré de Sciencetips. 2018.